Page:Anatole France - Balthasar.djvu/118

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vieille. Je ne répondrais pas qu’elle le fût alors autant qu’il me parut. Elle était maigre et jaune ; ses yeux brillaient dans leur orbite noire, sous des paupières rouges. Bien qu’on fût en été, son corps et sa tête disparaissaient sous de sombres vêtements de laine. Mais ce qui la rendait tout à fait étrange, c’est la lame de métal qui cerclait son front comme un diadème.

— C’est maman, me dit Le Mansel. Elle a sa migraine.

Madame Le Mansel me fit un compliment d’une voix gémissante et, remarquant sans doute mon regard étonné qui s’attachait à son front :

— Mon jeune monsieur, me dit-elle en souriant, ce que je porte aux tempes n’est point une couronne ; c’est un cercle magnétique pour guérir les maux de tête.

Je cherchais à répondre de mon mieux, quand Le Mansel m’entraîna dans le jardin, où nous trouvâmes un petit homme chauve qui glissait dans les allées comme un fantôme. Il était si mince et si léger qu’on pouvait craindre que le vent l’emportât. Son allure timide, son long cou décharné qu’il tendait en avant, sa tête