dans la salle. Monsieur Le Mansel père y entra après nous avec un panier plein d’œufs.
— Dix-huit ce matin, dit-il d’une voix qui gloussait.
On nous servit une omelette délicieuse. J’étais assis entre madame Le Mansel, qui soupirait sous son diadème, et sa mère, une vieille Normande aux joues rondes, qui, n’ayant plus de dents, souriait des yeux. Elle me parut tout à fait avenante. Pendant que nous mangions le canard rôti et le poulet à la crème, la bonne dame nous faisait des contes agréables, et je ne remarquai pas que son esprit fût le moins du monde dérangé comme l’avait dit son petit-fils. Il me sembla au contraire qu’elle était la gaieté de la maison.
Après le dîner, nous passâmes dans un petit salon dont les meubles de noyer étaient garnis de velours d’Utrecht jaune. Une pendule à sujet brillait sur la cheminée entre deux flambeaux. Sur le socle noir de la pendule reposait, protégé par le globe qui la recouvrait, un œuf rouge. Je ne sais pourquoi, ayant une fois remarqué cet œuf, je me mis à le considérer attentivement. Les enfants ont de ces curiosités inexplicables. Je dois dire aussi