Page:Anatole France - Balthasar.djvu/178

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ses pieds endoloris et se tut. Elle était bien aise d’apprendre qu’il n’y avait pas d’animaux féroces dans la contrée. Pour le reste, elle s’en remettait à l’amitié des Nains.

Déjà ils construisaient le brancard. Ceux qui avaient des cognées entaillaient à grands coups le pied de deux jeunes sapins.

Cela remit à Rug son idée en tête.

— Si, au lieu d’un brancard, dit-il, nous construisions une cage ?

Mais il souleva une réprobation unanime. Tad, le regardant avec mépris, s’écria ;

— Rug, tu es plus semblable à un homme qu’à un Nain. Mais ceci du moins est à l’honneur de notre race que le plus méchant des Nains en est aussi le plus bête.

Cependant l’ouvrage se faisait. Les Nains sautaient en l’air pour atteindre les branches qu’ils coupaient au vol et dont ils formaient habilement un siège à claire-voie. L’ayant recouvert de mousse et de feuillée, ils y firent asseoir Abeille ; puis ils saisirent à la fois les deux montants, ohé ! se les mirent sur l’épaule, hop ! et prirent leur course vers la montagne, hip !