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Page:Anatole France - Balthasar.djvu/223

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d’un lac. Seule, leur reine le vit venir sans trouble ; elle attacha sur lui le regard froid de ses prunelles vertes.

Il court à elle et lui crie :

— Romps le charme qui m’enveloppe. Ouvre-moi le chemin de la terre. Je veux combattre au soleil comme un chevalier. Je veux retourner où l’on aime, où l’on souffre, où l’on lutte. Rends-moi la vraie vie et la vraie lumière. Rends-moi la vertu ; sinon, je te tue, méchante femme !

Elle secoua, pour dire non, la tête en souriant. Elle était belle et tranquille. Georges la frappa de toutes ses forces ; mais son épée se brisa contre la poitrine étincelante de la reine des Ondines.

— Enfant ! dit-elle.

Et elle le fit enfermer dans un cachot qui formait au-dessous du manoir une sorte d’entonnoir de cristal autour duquel les requins rôdaient en ouvrant leurs monstrueuses mâchoires armées d’une triple rangée de dents aiguës. Et il semblait qu’à chaque effort ils devaient briser la mince paroi de verre, en sorte qu’il n’était pas possible de dormir dans cet étrange cachot.