Page:Anatole France - Balthasar.djvu/23

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Et le bon Balthasar disait :

— Voilà des connaissances que je veux acquérir. Pendant que j’étudie l’astronomie, je ne pense ni à Balkis, ni à quoi que ce soit au monde. Les sciences sont bienfaisantes : elles empêchent les hommes de penser. Sembobitis, enseigne-moi les connaissances qui détruisent le sentiment chez les hommes, et je t’élèverai en honneurs parmi mon peuple.

C’est pourquoi Sembobitis enseigna la sagesse au roi.

Il lui apprit l’apotélesmatique, d’après les principes d’Astrampsychos, de Gobryas et de Pazatas. Balthasar, à mesure qu’il observait les douze maisons du soleil, songeait moins à Balkis.

Menkéra, qui s’en aperçut, en conçut une grande joie.

— Avouez, seigneur, dit-il un jour, que la reine Balkis cachait sous sa robe d’or des pieds fourchus comme en ont les chèvres.

— Qui t’a conté une pareille sottise ? demanda le roi.

— C’est la créance publique, seigneur, en Saba, comme en Éthiopie, répondit l’eunuque. Chacun y dit couramment que la reine Balkis