Aller au contenu

Page:Anatole France - Balthasar.djvu/254

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

buires, des flambeaux, des hanaps et des coupes d’or fin, d’un travail merveilleux. Il fit signe à Abeille et à Georges d’approcher, et dit :

— Abeille, une loi de la nation des Nains veut qu’une étrangère reçue dans nos demeures soit libre au bout de sept ans révolus. Vous avez passé sept années au milieu de nous, Abeille ; et je serais un mauvais citoyen et un roi coupable si je vous retenais davantage. Mais avant de vous laisser aller, je veux, n’ayant pu vous épouser, vous fiancer moi-même à celui que vous avez choisi. Je le fais avec joie, parce que je vous aime plus que moi-même et que ma peine, s’il m’en reste, est comme une petite ombre que votre bonheur efface. Abeille des Clarides, princesse des Nains, donnez-moi votre main ; et vous, Georges de Blanchelande, donnez-moi la vôtre.

Ayant mis la main de Georges dans celle d’Abeille, le roi Loc se tourna vers le peuple et dit d’une voix forte :

— Petits hommes, mes enfants, vous êtes témoins que les deux qui sont là s’engagent l’un l’autre à s’épouser sur la terre. Qu’ils y retournent ensemble et y fassent ensemble