Page:Anatole France - Balthasar.djvu/28

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

merveilleux. En bas, Balkis, couchée dans une litière de pourpre et d’or, était petite et brillante comme l’étoile.

Balthasar se sentait attiré vers elle par une force terrible. Pourtant, il détourna la tête en un effort désespéré et, levant les yeux, il revit l’étoile. Alors l’étoile parla et dit :

« Gloire à Dieu dans les cieux et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté !

» Prends une mesure de myrrhe, doux roi Balthasar, et suis-moi. Je te conduirai aux pieds du petit enfant qui vient de naître dans une étable, entre l’âne et le bœuf.

» Et ce petit enfant est le roi des rois. Il consolera ceux qui veulent être consolés.

» Il t’appelle à lui, ô toi, Balthasar, dont l’âme est aussi obscure que le visage, mais dont le cœur est simple comme celui d’un enfant.

» Il t’a choisi parce que tu as souffert, et il te donnera la richesse, la joie et l’amour.

» Il te dira : Sois pauvre avec allégresse ; c’est là la richesse véritable. Il te dira encore : La véritable joie est dans le renoncement à la joie. Aime-moi, et n’aime les créatures qu’en moi, car seul je suis l’amour. »