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Page:Anatole France - Crainquebille, Putois, Riquet et plusieurs autres récits profitables.djvu/118

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en recevait autant de chagrin qu’en pouvait contenir sa petite âme. Heureusement que, semblable à l’âme humaine, elle était facile à distraire et prompte à l’oubli des maux.

Durant les longues absences des déménageurs altérés, quand le balai de la vieille Angélique soulevait l’antique poussière du parquet, Riquet respirait une odeur de souris, épiait la fuite d’une araignée, et sa pensée légère en était divertie. Mais il retombait bientôt dans la tristesse.

Le jour du départ, voyant les choses empirer d’heure en heure, il se désola. Il lui parut spécialement funeste qu’on empilât le linge dans de sombres caisses. Pauline, avec un empressement joyeux, mettait ses robes dans une malle. Il se détourna d’elle, comme si elle accomplissait une œuvre mauvaise. Et, rencogné au mur, il pensait : « Voilà le pire ! C’est la fin de tout. » Et, soit qu’il crût que les choses n’étaient plus quand il ne les voyait plus, soit qu’il évitât seulement