Page:Anatole France - Crainquebille, Putois, Riquet et plusieurs autres récits profitables.djvu/186

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pas joyeux, pas plus que toutes les larmes ne sont douloureuses. Il faut que ce soit une vieille fille qui t’explique cela.

— Je n’ignore pas, Zoé, que le rire est l’effet d’un trouble nerveux. Madame de Custine, en faisant ses adieux à son mari condamné à mort par le Tribunal révolutionnaire, fut prise d’un fou rire, dans la prison, à la vue d’un détenu qui passa près d’elle en robe de chambre et en bonnet de nuit, le visage fardé, un bougeoir à la main.

— Cela n’est pas comparable, dit Zoé.

— Non, répondit M. Bergeret. Mais je me rappelle ce qui m’advint à moi-même quand j’appris la mort de cette pauvre Demay qui chantait, dans les cafés-concerts, des chansons joyeuses. C’était à la préfecture, un soir de réception. Worms-Clavelin nous dit : « Demay est morte. »

» Je reçus, pour ma part, cette nouvelle avec une tristesse décente. Et, songeant que