Page:Anatole France - Crainquebille, Putois, Riquet et plusieurs autres récits profitables.djvu/236

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dis qu’elle parlait, et j’admirais la grâce discrète de ses joues, de son cou, de ses épaules. Toute sa personne donne l’idée d’une chose rare et précieuse. Je ne sais ce que Du Fau pense du pied de madame N***. Je le trouve exquis.

Paul Du Fau vint me serrer la main. Je remarquai qu’il n’avait plus de bague au doigt.

— Qu’as-tu fait de ton améthyste ?

— Je l’ai perdue.

— Une pierre gravée plus belle que toutes les pierres gravées de Rome et de Naples, tu l’as perdue ?

Sans lui laisser le temps de répondre, N***, qui ne le quitte jamais, s’écria :

— Oui, c’est une histoire bizarre. Il a perdu son améthyste.

N*** est un excellent homme, très confiant, un peu volumineux, d’une simplicité qui prête parfois à sourire. Il appela tumultueusement sa femme :

— Marthe, ma chère amie, regardez quel-