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Page:Anatole France - Crainquebille, Putois, Riquet et plusieurs autres récits profitables.djvu/28

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CRAINQUEBILLE

les spectacles ignobles et violents. Mais, s’étant frayé un passage à travers le cercle populaire, un vieillard très triste, vêtu de noir et coiffé d’un chapeau de haute forme, s’approcha de l’agent et lui dit très doucement et très fermement, à voix basse :

— Vous vous êtes mépris. Cet homme ne vous a pas insulté.

— Mêlez-vous de ce qui vous regarde, lui répondit l’agent, sans proférer de menaces, car il parlait à un homme proprement mis.

Le vieillard insista avec beaucoup de calme et de ténacité. Et l’agent lui intima l’ordre de s’expliquer chez le commissaire.

Cependant Crainquebille s’écriait :

— Alors que j’ai dit « Mort aux vaches ! » Oh !…

Il prononçait ces paroles étonnées quand madame Bayard, la cordonnière, vint à lui, les quatorze sous dans la main. Mais déjà l’agent 64 le tenait au collet, et madame Bayard, pensant qu’on ne devait rien à un