Page:Anatole France - Crainquebille, Putois, Riquet et plusieurs autres récits profitables.djvu/290

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jourd’hui à Paris, risqueraient fort d’aller dans le panier à salade au dépôt de la Préfecture. Ce que j’en dis n’est pas pour dénoncer à la police les moines mendiants qui pullulent maintenant et trublionnent chez nous. Ceux-là ont des moyens d’existence et ils exercent tous les métiers.

— Ils sont respectables puisqu’ils sont riches, dit Jean Marteau, et la mendicité n’est interdite qu’aux pauvres. Si j’avais été trouvé sous mon arbre, j’aurais été mis en prison, et c’eût été justice. Ne possédant rien, j’étais un ennemi présumé de la propriété, et il est juste de défendre la propriété contre ses ennemis. La tâche auguste du juge est d’assurer à chacun ce qui lui revient, au riche sa richesse et au pauvre sa pauvreté.

— J’ai médité la philosophie du droit, dit M. Bergeret, et j’ai reconnu que toute la justice sociale reposait sur ces deux axiomes : le vol est condamnable ; le produit