Page:Anatole France - Discours prononcé à l’inauguration de la statue d’Ernest Renan.djvu/22

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Fière revendication des droits de la science, juste sentiment du devoir intellectuel ! Combien nous en avons vu de philosophes et de savants, faute de suivre cette règle, devenir complices de l’erreur et du mensonge, du préjugé barbare, trahir la vérité ! « Je voudrais parler, disait l’un, mais je ne puis, ce serait ébranler les fondements des sociétés humaines et creuser un abîme. » Et l’autre déclarait avec l’énergie de la faiblesse que, connût-il le secret de l’univers, il n’en révélerait rien de peur d’inquiéter dans sa conscience un berger sur la montagne, un matelot sur la mer. Nous avons vu mieux encore, nous avons vu des hommes graves, affranchis de toutes croyances, des athées, professer un sombre catholicisme pour le salut de nos institutions.

Renan, sans entendre les menaces des superbes et les plaintes des humbles, accom-