Page:Anatole France - Discours prononcé à l’inauguration de la statue d’Ernest Renan.djvu/48

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des philosophes. Mais c’est par toi, peut-être, que me fut voué le culte le plus austère et le plus tendre ; c’est de toi que j’ai reçu les plus pures et les plus ferventes prières. Sur ma sainte Acropole, devant mon Parthénon dévasté, tu m’as saluée dans le plus beau langage qu’on ait parlé en ce monde, depuis les jours où mes abeilles déposaient leur miel sur les lèvres de Sophocle et de Platon.

» Les immortels doivent plus qu’on ne croit à leurs adorateurs. Ils leur doivent la vie. C’est un mystère auquel tu fus initié. Les dieux reçoivent leur aliment des hommes. Ils se nourrissent de la vapeur qui monte du sang des victimes. Tu sais qu’il faut entendre par là que leur substance se compose de toutes les pensées et de tous les sentiments des hommes. Les offrandes des hommes bons nourrissent les dieux bons. Les noirs sacrifices de l’ignorance et de la