Page:Anatole France - Discours prononcé à l’inauguration de la statue d’Ernest Renan.djvu/53

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» Pendant que les Titans ennemis des Dieux justes entassent les rochers et que les géants impies forgent leurs armes, je fonde la Ville sainte. À voir mes ouvriers creuser la terre et transporter les matériaux, parfois les sages eux-mêmes ont peine à discerner mes plans ingénieux. Dans les chantiers où l’on taillait, au lendemain de Salamine, les marbres de mes Propylées, il était difficile de découvrir, parmi les blocs épars, la pensée harmonieuse de Mnésiclès. C’était là pourtant qu’elle prenait sa forme et naissait à la lumière. L’avenir ne s’y trompera pas : on reconnaîtra mes œuvres à leur stabilité. Les édifices de l’ignorance et de l’erreur s’écroulent misérablement. Tu l’as dit : Rien ne résiste, rien ne dure, que ce qui a été mesuré et calculé par moi, car je suis la prévoyance, l’ordre et la mesure, car je suis la pensée de tous les hommes qui pensent, la science de