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À TRAVERS CHAMPS


Après le déjeuner, Catherine s’en est allée dans les prés avec Jean, son petit frère. Quand ils sont partis, le jour semblait jeune et frais comme eux.


Le ciel n’était pas tout à fait bleu ; il était plutôt gris, mais d’un gris plus doux que tous les bleus du monde. Justement les yeux de Catherine sont de ce gris-là et semblent faits d’un peu de ciel matinal.

Catherine et Jean s’en vont tout seuls par les prés. Leur mère est fermière et travaille dans la ferme. Ils n’ont point de servante pour les conduire, et ils n’en ont point besoin. Ils savent leur chemin ; ils connaissent les bois, les champs et les collines. Catherine sait voir l’heure du jour en regardant le soleil, et elle a deviné toutes sortes de beaux secrets naturels que les enfants des villes ne soupçonnent pas. Le petit Jean lui-même comprend beaucoup de choses des bois, des étangs et des montagnes, car sa petite âme est une âme rustique.

Catherine et Jean s’en vont par les prés fleuris. Catherine, en cheminant, fait un bouquet.