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Page:Anatole France - Histoire comique.djvu/106

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Chevalier lui répondit :

— Lisez le journal après-demain. Vous y verrez mon nom.

Le vieil homme essaya de trouver un sens à ces paroles ; mais c’était trop difficile, il y renonça et revint à ses pensées familières.

— Quand on est en bordée, c’est, des fois, pour des semaines et des mois…

Au petit jour, Chevalier reprit sa course. Le ciel était de lait. Les roues lourdes réveillaient les pavés. Des voix, çà et là, résonnaient dans l’air frais. La neige ne tombait plus. Il allait au hasard devant lui. A voir renaître la vie, il s’égayait presque. Sur le pont des Arts, il regarda longtemps couler la Seine, puis il reprit sa course. Sur la place du Havre, il vit un café ouvert. Une faible lueur d’aurore rougissait les glaces de la façade. Les garçons sablaient le carrelage et posaient les tables. Il se jeta sur une chaise :

— Garçon, une verte !