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Page:Anatole France - Histoire comique.djvu/129

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sur les circonstances. Puisqu’il fallait un mort, il consentait à ce qu’il y en eût un, mais il en aurait préféré un autre. Il éprouvait à l’égard de celui-ci un sentiment de dégoût et de répulsion. Il se disait vaguement :

— J’admets un suicide. Mais à quoi bon un suicide ridicule et déclamatoire ? Cet homme ne pouvait-il se tuer chez lui ? Ne pouvait-il, si sa résolution était inébranlable, l’exécuter avec une vraie fierté, d’une façon discrète ? C’est ainsi qu’à sa place eût agi un galant homme. On aurait plaint et respecté sa mémoire.

Il se rappela mot pour mot les paroles que, dans la chambre à coucher, une heure avant le drame, il avait échangées avec Félicie. Il lui avait demandé si elle n’avait pas été un peu avec Chevalier. Il le lui avait demandé, non pour le savoir, car il n’en doutait guère, mais pour montrer qu’il le savait. Et elle lui avait répondu, indignée :