Page:Anatole France - Histoire comique.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ventre. Et vous l’étranglez stupidement, vous vous défoncez le thorax, qui entraîne les seins dans sa ruine, vous vous aplatissez les fausses côtes, vous vous creusez un horrible sillon au-dessus du nombril. Les négresses, qui se taillent les dents en pointe et qui se fendent les lèvres pour y introduire un disque de bois, se défigurent avec moins de barbarie. Car, enfin, on conçoit qu’il reste encore de la splendeur féminine à une créature qui s’est passé un anneau dans les cartilages du nez et dont la lèvre est distendue par une rondelle d’acajou grande comme ce pot de pommade. Mais la dévastation est entière quand la femme exerce ses ravages dans le centre sacré de son empire.

Insistant sur un sujet qui lui tenait à cœur, il reprit une à une les déformations du squelette et des muscles causées par le corset, et fit des descriptions imagées et précises, des peintures lugubres et bouffonnes. Nanteuil riait en l’écoutant. Elle