Aller au contenu

Page:Anatole France - Histoire comique.djvu/190

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Mais il était trop imprévoyant pour jamais témoigner la moindre reconnaissance de ce qu’il avait obtenu. Avide de piastres, il convoitait plus ardemment encore les menus objets qui brillent et qu’on peut cacher, les épingles d’or, les bagues, les boutons de manchettes, les briquets en nickel ; quand il voyait une chaîne d’or, son visage s’éclairait d’une lueur de volupté.

» L’été qui suivit fut le temps le plus dur de ma vie. Une épidémie de choléra avait éclaté dans la Basse-Égypte. Je courais la ville du matin au soir dans un air embrasé. Les étés du Caire sont accablants pour les Européens. Nous traversions les semaines les plus chaudes que j’eusse encore connues. J’appris un jour que Sélim, amené devant le tribunal indigène du Caire, venait d’être condamné à mort. Il avait assassiné une enfant de fellahs, une petite fille de neuf ans, pour lui voler ses anneaux d’oreilles, et il l’avait jetée dans une citerne. Les anneaux,