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Page:Anatole France - Histoire comique.djvu/209

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bénite, de cierges et de prières latines sur le mort pour qu’il s’en allât bon et résigné. Elle l’avait revu, cette nuit, et elle pensait qu’il était revenu parce que les prêtres n’avaient pas encore prononcé sur lui les paroles de paix. Puis, songeant qu’un jour elle mourrait aussi et serait couchée comme cet homme dans un cercueil, sous un drap noir, elle frissonna d’épouvante et ferma les yeux. L’idée de la vie était si puissante en elle qu’elle se figurait la mort comme une vie affreuse. Elle eut peur de mourir, et elle pria pour vivre longuement. Agenouillée, la tête inclinée et la cendre voluptueuse de ses cheveux légers lui tombant sur le front, elle lisait, pénitente profane, dans son livre, des paroles qu’elle ne comprenait pas et qui la rassuraient :

« Seigneur Jésus-Christ, Roi de gloire, délivrez les âmes de tous les fidèles défunts des peines de l’enfer et des profondeurs de l’abîme. Délivrez-les de la gueule du lion.