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Page:Anatole France - Histoire comique.djvu/214

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j’éprouvais un vrai chagrin de le voir dans cet état ; que, chaque fois que pareille chose arrivait, j’en étais vivement contrariée ; que j’étais une femme sérieuse, que j’avais arrangé ma vie et que je ne pouvais rien pour lui. Il était désespéré. Il m’annonça, qu’il partait pour Constantinople, qu’il ne reviendrait plus. Il ne se décidait ni à rester ni à s’en aller. Il tomba malade. Nanteuil, qui croyait que je l’aimais et que je voulais le garder, se donna tout le mal possible pour me le prendre. Elle lui fit des avances folles. Je la trouvais parfois un peu ridicule, mais, comme vous pensez bien, je ne faisais aucun obstacle à ses projets. De son côté, monsieur de Ligny, pour me donner du regret, du dépit, que sais-je ? dans l’espoir de me rendre jalouse, répondait très clairement aux avances de Nanteuil. Voilà comment ils se mirent ensemble. J’en fus enchantée. Nanteuil et moi, nous sommes les meilleures amies du monde.