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Page:Anatole France - Histoire comique.djvu/284

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Elle posa la tête sur l’épaule de son ami et lui dit languissamment :

— Je t’aime.

Il l’entraîna sur le divan. Elle le sentait qui, glissant à ses pieds, coulait sur elle des mains inhabiles d’impatience, et elle le laissait faire, inerte, découragée, prévoyant que c’était inutile. Les oreilles lui tintaient comme une clochette. Le tintement cessa et elle entendit à sa droite une voix étrange, claire, glaciale, dire : « Je vous défends d’être l’un à l’autre. » Il lui sembla que la voix parlait de haut dans une lueur, mais elle n’osa tourner la tête. C’était une voix inconnue. Involontairement et, malgré elle, elle chercha à se rappeler sa voix à lui, et elle s’aperçut qu’elle en avait oublié le son, qu’elle ne pourrait jamais le retrouver. Elle pensa : « C’est peut-être la voix qu’il a maintenant. » Effrayée, elle ramena vivement sa jupe sur ses genoux. Mais elle se retint de crier et ne parla pas de ce qu’elle