Page:Anatole France - Histoire comique.djvu/299

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retomba dans l’ennui tumultueux de l’insomnie. Par instants, il lui venait à la mémoire une phrase de son rôle, à laquelle elle n’attachait aucune signification et qui l’obsédait : « Nos jours sont ce que nous les faisons. » Et son esprit se fatiguait à retourner sans cesse quatre ou cinq idées.

— Il faudra, demain, que j’aille essayer ma robe chez madame Royaumont. Hier, je suis entrée avec Fagette dans la loge de Jeanne Perrin, qui s’habillait, et qui a montré ses jambes velues, comme si elle en était fière. Elle n’est pas laide, Jeanne Perrin ; elle a même une belle tête ; mais c’est son expression qui me déplaît. Comment madame Colbert fait-elle pour me réclamer trente-deux francs ? Quatorze et trois, dix-sept, et neuf, vingt-six. Je ne lui dois que vingt-six francs. « Nos jours sont ce que nous les faisons. » Que j’ai chaud !

D’un bond de ses reins souples, elle se retourna et ses bras nus s’ouvrirent pour