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Page:Anatole France - Histoire comique.djvu/325

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la force de son amour pour Félicie. Il avait eu des femmes qui passaient pour agréables et jolies. Mais ni madame Boumdernoot, de Bruxelles, grande et fraîche, ni les sœurs van Cruysen, modistes sur le Vyver, ni Suzette Berger, des Folies-Marigny, alors en tournée par l’Europe septentrionale, ne lui avaient donné dans le plaisir un sentiment de plénitude. Près d’elles, il avait regretté Félicie et découvert que, de toutes les femmes, il ne désirait que celle-là. Sans madame Boumdernoot, les sœurs van Cruysen et Suzette Berger, il n’aurait jamais connu tout le prix qu’avait pour lui Félicie Nanteuil. Si l’on s’en tient aux mots, on dira qu’il l’avait trompée. C’est le terme propre. Il y en a d’autres qui reviennent à celui-là et sont d’un moins bon usage. Mais si l’on y regarde de plus près, il ne l’avait pas trompée. Il l’avait cherchée, il l’avait cherchée hors d’elle et avait appris qu’il ne la trouverait qu’en elle. Dans son inutile