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Page:Anatole France - Histoire comique.djvu/55

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Réveillée en sursaut par des chants montés du trottoir, madame Nanteuil confirma la pensée sur laquelle elle s’était endormie.

— C’est ce que je dis toujours à Félicie : on ne doit pas se décourager. Il y a dans la vie de mauvais jours…

Chevalier fit signe qu’il y en avait.

— Mais ceux qui souffrent, dit-il, n’ont que ce qu’ils méritent. Il ne faut qu’un moment pour s’ôter tous les ennuis, pas vrai ?

Elle approuva : certainement il y avait des chances subites, surtout au théâtre.

Il reprit d’une voix profonde, intérieure :

— Si l’on croit que c’est pour le théâtre que je me fais du mauvais sang… Le théâtre, je suis bien sûr de m’y faire une place, un jour, et belle !… Mais à quoi sert d’être un grand artiste, si l’on n’est pas heureux ? Il y a des ennuis bêtes qui sont terribles. Des douleurs qui vous battent les tempes par petits coups égaux et réguliers comme