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Page:Anatole France - Histoire comique.djvu/62

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ne suis rien pour toi… Nous n’avons pas été ensemble… Voyons, Félicie, rappelle-toi…

Mais elle, impatientée :

— Ah ! qu’est-ce que tu veux que je me rappelle ?…

— Félicie, pense que tu t’es donnée à moi !

— Tu ne veux pas pourtant, mon cher, que j’y pense toute la journée. Ce serait abusif.

Il la regarda quelque temps avec plus de curiosité que de colère et lui dit, moitié amer et moitié doux :

— On peut dire que tu es rosse !… Sois-le, Félicie ! Sois-le, tant que tu voudras ! Qu’est-ce que ça fait, puisque je t’aime ? Tu es à moi, je te reprends ; je te reprends et je te garde. Voyons ! je ne peux pas souffrir toujours comme une pauvre bête. Écoute : Je passerai l’éponge. Nous recommencerons notre amour. Et, cette fois, ce sera très bien. Et tu seras à moi pour toujours, à moi seul. Je suis un honnête homme, tu sais. Tu peux