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Page:Anatole France - Histoire comique.djvu/65

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Il haussa la voix :

— Félicie, dans ton intérêt comme dans le mien, écoute-moi.

— Ne crie donc pas : maman dort.

Il reprit d’une voix sourde :

— Sache bien que je ne veux pas que Ligny devienne ton amant.

Elle releva sa petite tête méchante :

— Et s’il l’est ?

Il fit un pas vers elle, sa chaise levée, la regarda d’un œil fou en riant d’un rire fêlé :

— S’il l’est, il ne le sera pas longtemps.

Et il laissa retomber sa chaise.

Maintenant elle avait peur. Elle s’efforça de sourire.

— Tu vois bien que je plaisante.

Elle réussit, sans trop de peine, à lui faire croire qu’elle lui avait parlé de cette manière seulement pour le punir, parce qu’il devenait insupportable. Il se calma. Elle lui dit alors qu’elle était lasse, qu’elle tombait de som-