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Page:Anatole France - Histoire comique.djvu/81

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— Tu sais : il est bigrement mauvais, Chevalier, répondit Roger sans hésitation.

— Ce n’est pas qu’il est mauvais, reprit Michel avec indulgence. Mais il a toujours l’air de rire, et il n’y a rien de pis pour un comique. Je l’ai connu tout petit à Montmartre. À la pension, ses maîtres lui demandaient : « Pourquoi riez-vous ? » Il ne riait pas, il n’avait pas envie de rire : il recevait des gifles toute la journée. Ses parents voulaient le mettre dans les produits chimiques. Mais il rêvait le théâtre et passait ses journées sur la butte, dans l’atelier du peintre Montalent. Montalent travaillait alors, nuit et jour, à sa Mort de saint Louis, une grande machine qui lui était commandée pour la cathédrale de Carthage. Un jour, Montalent lui dit…

— Un peu de silence ! cria Pradel.

— … lui dit : « Chevalier, puisque tu n’as rien à faire, pose-moi donc Philippe le Hardi. — Je veux bien », dit Chevalier. Mon-