Aller au contenu

Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre, 1879.djvu/116

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’on sent bien dans la main, et surtout bien tranchant du bout et qui coupe l’eau comme un couteau...

Un jeune faubourien en blouse et en casquette s’arrêta devant eux et dit à Bouteiller :

— Ça n’est pas pour cette nuit.

Bouteiller lui donna quarante sous et le renvoya. Il n’avait pas l’air satisfait.

— Un écho que j’avais fait d’avance et qui restera sur le marbre !

Puis, pour éclaircir la chose à son ami, il ajouta :

— Ce jeune voyou que tu as vu sait comment les choses se pratiquent à la Roquette. Il vient de me dire que l’assassin de la rue du Château-des-Rentiers ne sera pas exécuté cette nuit. À propos, toi qui es médecin, dis-moi donc un peu si on souffre encore après qu’on a eu le cou coupé.

— Rien de plus facile que de te renseigner là-dessus, répondit Longuemare.

Et il commença à donner des explications.

— La vie étant une quantité, comme l’a dit Buffon, elle est susceptible d’augmentation ou de diminution. Le « nœud vital » de Flourens est une ânerie. Suis-moi bien... Si je puis dire avec Bichat