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Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre, 1879.djvu/287

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et des cartons à chapeau. Remi, qui pressentait quelque grave événement, ne quitta pas son poste d’observation et surveilla les abords de la place. Au bout de deux heures de faction, il vit le portier chargé d’une pyramide de malles et de cartons, une voiture de place arrêtée à la porte, puis il vit la bonne de madame Lourmel entasser dans la voiture des sacs de voyage et des cartons encore.

Alors, saisissant sa boîte de couleurs et vidant dans sa poche le tiroir aux écus de son secrétaire, il se précipita nu-tête, en vareuse, en pantoufles, dans l’escalier et dans la rue. Il arrêta au passage un cocher étonné, le lança à la suite du fiacre dans lequel il venait de voir entrer un bout de jupe et qui déjà s’ébranlait sous sa pyramide chancelante.

Les deux voitures traversèrent Paris et s’arrêtèrent, l’une derrière l’autre, dans la cour de la gare Saint-Lazare. Remi suivit les deux dames gravit derrière elles, dans son costume de chambre, l’escalier de la gare. Mademoiselle Lourmel tourna la tête pour voir cet étrange voyageur qu’elle reconnaissait fort bien. Elle le regardait avec une surprise qui contenait en même temps de la raillerie et de l’admiration. Il joignit madame Lour-