Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre, 1879.djvu/40

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— M. Haviland a demandé ce soir de tes nouvelles d’une façon vraiment bien affectueuse...

Après une pause, de la voix grasse d’un homme qui a bien dîné :

— Comment le trouves-tu ?

Il n’obtint pas de réponse encore. Mais, à la lueur de la bougie qui brûlait sur la cheminée, il vit qu’elle avait les yeux ouverts et fixes, le front contracté, un air de pénible réflexion. Il jugea très justement qu’elle connaissait les intentions de M. Haviland, et il ne craignit plus de frapper un coup brusque. Il lui dit :

— M. Haviland te demande en mariage.

Elle répondit :

— Je ne veux pas me marier ; je me trouve bien avec toi.

Alors il se ramassa dans la causeuse, ajusta ses poings sur ses genoux et tira un souffle sifflant de sa gorge ulcérée de liqueurs et tapissée de sucreries. Il prenait son attitude d’homme d’affaires.

— Fillette, tu ne me demandes pas ce que je lui ai répondu ?

— Eh bien, que lui as-tu répondu ?