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Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre.djvu/122

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Groult fit sauter avec la pointe de son eustache la serrure du secrétaire de noyer et se mit à fouiller. Il remuait des papiers. La flamme de la chandelle presque finie dansait et les souris faisaient craquer le plancher au milieu du silence survenu. Il fouillait les dossiers, les liasses, les chemises, les layettes, et jetait tous les papiers sur le cadavre. Une grande flamme envahit tout d’un coup la chambre. C’était le papier roulé à la base de la chandelle qui s’enflammait. Il fouillait les enveloppes, les cartons, les vieux buvards, les serviettes et les portefeuilles de cuir. Enfin, il trouva un papier timbré qu’il fourra dans sa poche en poussant un grand soupir. Il souffla le chandelier qui fumait comme un lampion et dont la flamme surnourrie de suif fondu se rejeta sur son visage et lui brûla les cils avant de s’éteindre. Puis, ayant pris sa casquette à tâtons, il sortit.

Il hésita un moment sur le palier, monta sans bruit à l’échelle du grenier et regarda par la lucarne qui donnait sur la rue. Il vit, aux reflets de la lumière sur le pavé mouillé, que la boutique de l’épicier n’était pas fermée. Il se blottit derrière des caisses vides et attendit. Il attendit longtemps,