Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre.djvu/182

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maigre et brun, il saisit sur la cheminée une vieille boîte à cigares, pleine de papiers qu’il se mit à fouiller.

On avait, sans doute, en déménageant, renversé d’un coup dans cette boîte tout le contenu d’un tiroir lentement rempli, car les papiers qu’il trouva les premiers étaient les plus anciens. Il ouvrit une enveloppe qui ne lui rappelait que des souvenirs lointains et confus. « Ah ! songeait-il, c’est une lettre de mon pauvre frère qui vend du café à Saint-Paul. Il n’était pas attiré vers Paris, lui ; il n’était pas travaillé comme moi par l’Idée ! » Et M. Godet-Laterrasse lut au hasard :

« Tu as dû apprendre par les journaux qu’un cyclone a passé sur Bourbon et détruit toutes les plantations. Je me suis mis dans le guano. Et toi, écris-tu toujours des blagues dans les canards parisiens ?

— Le malheureux ! le malheureux, murmura monsieur Godet-Laterrasse, accoudé sur son oreiller. Et, déployant une autre lettre de la même main, il lut encore :

« Je ne puis t’envoyer d’argent parce que les