Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre.djvu/21

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voix méridionale qui s’écriait emphatiquement :

— Sept à quatorze !

Il jeta un regard rapide à travers la porte vitrée sur les joueurs, fronça les sourcils, dit brusquement adieu à la jeune fille et partit vite, avec un visage bouleversé et des yeux gros de larmes.

La jeune fille le vit un moment ainsi de profil, au-dessus des houx, derrière les lances de fer de la clôture. Elle se leva, courut jusqu’à la grille, serra son mouchoir contre sa bouche comme pour y étouffer un cri, puis enfin, résolue, elle étendit les bras et appela d’une voix étranglée :

— René !

Elle laissa retomber ses bras : il était trop tard, il ne l’avait pas entendue.

Elle se colla le front contre un barreau de fer. La détente de ses traits, l’abandon de tout son être témoignaient d’une irréparable défaite.

La voix méridionale sortie du chalet cria :

— Hélène ! le madère !

C’était M. Fellaire de Sisac qui appelait sa fille. Il se dressait de toute la hauteur de sa petite taille devant le tableau où les points des joueurs étaient marqués au moyen d’anneaux de bois en-