Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre.djvu/277

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gard naïf et brave. Il remarqua qu’elle n’était plus une enfant et qu’elle était jolie.

Il allait dans ce temps-là plusieurs fois la semaine à Courbevoie. Et le portrait de Télémaque sortait peu à peu de la toile. C’était un très mauvais portrait. Mais Télémaque en était enchanté. Le soir, quand sa boutique était fermée, il mettait le portrait sur une table entre deux chandelles et il dansait la calenda ou bien il chantonnait avec un nasillement doux :


Canga do ki la,
Canga li.


Miragoane, assise sur son derrière, assistait gravement à cette cérémonie. Il lui arriva un jour de lécher affectueusement le nez encore frais du portrait. Le dommage qui en résulta fut aisément réparé.

Télémaque regretta un moment qu’il n’y eût pas sur la toile, à côté de lui, Olivette en châle rouge. Mais il en prit son parti et dansa de nouveau la calenda.