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MÉMOIRES D’UN VOLONTAIRE[1]



I


Je suis né en 1770 dans le faubourg rustique d’une petite ville du pays de Langres où mon père, à demi citadin, à demi paysan, vendait des couteaux et soignait son verger. Là, des religieuses, qui n’élevaient que des filles, m’apprirent à lire parce que j’étais petit et qu’elles étaient bonnes amies de ma mère. Au sortir de leurs mains, je reçus des leçons de latin d’un prêtre de la ville, fils d’un cordon-

  1. Toutes les circonstances de ces Mémoires sont véritables et empruntées à divers écrits du xviiie siècle. Il ne s’y trouve pas un détail, si petit qu’il soit, qu’on ne rapporte d’après un témoignage authentique.