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le procurateur de judée

déchirée par une multitude de rois, a commencé de goûter le repos et les heures prospères ? Et quand Rome pouvait vendre ses bienfaits à prix d’or, a-t-elle enlevé les trésors dont regorgent les temples barbares ? A-t-elle dépouillé la déesse Mère à Pessinonte, Jupiter dans la Morimène et dans la Cilicie, le dieu des Juifs à Jérusalem ? Antioche, Palmyre, Apamée, tranquilles malgré leurs richesses, et ne craignant plus les Arabes du désert, élèvent des temples au Génie de Rome et à la Divinité de César. Seuls, les Juifs nous haïssent et nous bravent. Il faut leur arracher le tribut, et ils refusent obstinément le service militaire.

— Les Juifs, répondit Lamia, sont très attachés à leurs coutumes antiques. Ils te soupçonnaient, sans raison, j’en conviens, de vouloir abolir leur loi et changer leurs mœurs. Souffre, Pontius, que je te dise que tu n’as pas toujours agi de sorte à dissiper leur malheureuse erreur. Tu te plaisais, malgré toi, à exciter leurs inquiétudes, et je t’ai vu plus d’une fois trahir devant eux le mépris que t’inspiraient leurs croyances et leurs cérémonies religieuses. Tu les vexais particulièrement en faisant garder