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amycus et célestin

Et, s’entretenant ainsi, ils gravirent la colline où s’élevait une chapelle consacrée au vrai Dieu. Elle était petite et de structure grossière. Célestin l’avait bâtie de ses mains avec les débris d’un temple de Vénus. À l’intérieur, la table du Seigneur se dressait informe et nue.

— Prosternons-nous, dit l’ermite, et chantons alleluia, car il est ressuscité. Et toi, créature obscure, reste agenouillé pendant que j’offrirai le sacrifice.

Mais le faune, s’approchant de l’ermite, lui caressa la barbe et dit :

— Bon vieillard, tu es plus savant que moi et tu vois l’invisible. Mais je connais mieux que toi les bois et fontaines. J’apporterai au dieu des feuillages et des fleurs. Je sais les berges où le cresson entr’ouvre ses corymbes lilas, les prés où le coucou fleurit en grappes jaunes. Je devine à son odeur légère le gui du pommier sauvage. Déjà, une neige de fleurs couronne les buissons d’épine noire. Attends-moi, vieillard.

En trois bonds de chèvre il fut dans les bois et, quand il revint, Célestin crut voir marcher un buisson d’aubépine. Amycus disparaissait