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l’étui de nacre

Oliverie appela aussitôt sa sœur : mais, quand Liberette entra dans la chambre, la licorne avait disparu, et ainsi Liberette, selon son désir, connut le vrai Dieu sans y avoir été contrainte par un signe.

Elles allèrent toutes deux du côté de la forêt, et la licorne, redevenue visible, marchait devant elles. Elles suivaient, pour tout chemin, la piste des bêtes féroces. Et il advint que, parvenues déjà très avant dans le bois, elles virent la bête traverser un torrent à la nage. Et quand elles parvinrent au bord, elles s’aperçurent qu’il était large et profond. Elles se penchèrent pour voir s’il ne se trouvait pas quelques pierres sur lesquelles elles pussent passer, et elles n’en découvraient aucune. Mais, tandis qu’en s’appuyant sur un saule elles contemplaient les eaux écumeuses, l’arbre s’inclina soudainement et les porta sans peine sur l’autre bord.

Elles parvinrent ainsi à l’ermitage où saint Bertauld leur fit entendre les paroles de vie. À leur retour, le saule, en se redressant, les porta sur l’autre rive.

Chaque jour, elles se rendaient auprès du