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sainte euphrosine

le mariage d’une patricienne, intéressait le public et l’État.

Euphrosine savait que son père avait beaucoup de crédit auprès de l’Empereur, dont La Divinité habitait Constantinople. Elle comprit qu’elle n’avait, en ce péril, de secours à espérer que du comte Longin lui-même. C’est pourquoi elle le manda près d’elle, dans la basilique, pour un entretien secret.

Ému d’espérance et de curiosité le comte Longin se rendit dans la basilique, tout couvert d’or et de pierreries. La vierge ne se fit point attendre. Mais quand il la vit paraître les cheveux dénoués et enveloppée d’un voile noir, comme une suppliante, il en conçut un fâcheux augure et son cœur s’en irrita.

Euphrosine parla la première :

— Clarissime Longin, lui dit-elle, si vous m’aimez autant que vous le dites, vous craindrez de me déplaire, et ce serait, en effet, me causer un mortel déplaisir que de me traîner dans votre maison et d’user à votre contentement d’un corps que j’ai donné avec mon âme à Notre Seigneur Jésus-Christ, principe et fin de tout amour.