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rencontrons des dragons dans les histoires du glorieux archange Michel, des saints Georges, Philippe, Jacques le Majeur, et Patrice, des saintes Marthe et Marguerite. Et c’est en de tels récits, dignes de toute créance, que nous devons chercher réconfort et conseil.

» L’histoire du dragon de Silène nous offre notamment de précieux exemples. Il faut que vous sachiez, mon fils, que, au bord d’un vaste étang, voisin de cette ville, habitait un dragon effroyable qui s’approchait parfois des murailles et empoisonnait de son haleine tous ceux qui séjournaient dans les faubourgs. Et, pour n’être point dévorés par le monstre, les habitants de Silène lui livraient chaque matin un des leurs. On tirait la victime au sort. Le sort, après cent autres, désigna la fille du roi.

» Or, saint Georges, qui était tribun militaire, passant par la ville de Silène, apprit que la fille du roi venait d’être conduite à l’animal féroce. Aussitôt, il remonta sur son cheval et, s’armant de sa lance, courut à la rencontre du dragon, qu’il atteignit au moment où le monstre allait dévorer la vierge royale. Et quand saint Georges eut terrassé le dragon, la fille du roi noua sa ceinture autour du cou de la bête, qui la suivit comme un chien qu’on mène en laisse.

» Cela nous est un exemple du pouvoir des vierges sur les dragons. L’histoire de sainte