Page:Anatole France - L’Île des Pingouins.djvu/366

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— Alors, pas de mariage religieux ! Ça vaut mieux, beaucoup mieux !

— Si ! Mais laissez-moi faire. Je vais tâcher de tout arranger pour votre satisfaction et la mienne.

Elle alla trouver le révérend père Douillard et lui exposa la situation. Plus encore qu’elle n’espérait il se montra accommodant et facile.

— Votre époux est un homme intelligent, un homme d’ordre et de raison : il nous viendra. Vous le sanctifierez ; ce n’est pas en vain que Dieu lui a accordé le bienfait d’une épouse chrétienne. L’Église ne veut pas toujours pour ses bénédictions nuptiales les pompes et l’éclat des cérémonies. Maintenant qu’elle est persécutée, l’ombre des cryptes et les détours des catacombes conviennent à ses fêtes. Mademoiselle, quand vous aurez accompli les formalités civiles, venez ici, dans ma chapelle particulière, en toilette de ville, avec monsieur Cérès ; je vous marierai en observant la plus absolue discrétion. J’obtiendrai de l’archevêque les dispenses nécessaires et toutes les facilités pour ce qui concerne les bans, le billet de confession, etc.

Hippolyte, tout en trouvant la combinaison un peu dangereuse, accepta, assez flatté au fond :

— J’irai en veston, dit-il.

Il y alla en redingote, avec des gants blancs et des souliers vernis, et fit les génuflexions.

— Quand les gens sont polis !…