Page:Anatole France - L’Île des Pingouins.djvu/39

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— Ah ! mon père, s’écria le Diable, en un tour de sablier la chose sera faite. Nous trouverons les agrès nécessaires dans ce chantier que vous avez jadis établi sur cette côte et dans ces magasins abondamment garnis par vos soins. J’ajusterai moi-même toutes les pièces navales. Avant d’être moine, j’ai été matelot et charpentier ; et j’ai fait bien d’autres métiers encore. À l’ouvrage !

Aussitôt il entraîne le saint homme dans un hangar tout rempli des choses nécessaires à la navigation.

— À vous cela, mon père !

Et il lui jette sur les épaules la toile, le mât, la corne et le gui.

Puis, se chargeant lui-même d’une étrave et d’un gouvernail avec la mèche et la barre et saisissant un sac de charpentier plein d’outils, il court au rivage, tirant après lui par sa robe le saint homme plié, suant et soufflant, sous le faix de la toile et des bois.