Page:Anatole France - L’Anneau d’améthyste.djvu/102

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

intelligible pour elle seule, pour elle douloureux, lui faisant connaître que l’ami ne viendrait pas à Montil et qu’il se débattait à Paris dans de terribles embarras.

C’était le cas ordinaire de M. Raoul Marcien d’avoir grand besoin d’argent. Depuis une quinzaine d’années, depuis sa majorité, il se maintenait dans le monde à coups de génie et d’audace. Mais cette année les difficultés de sa position, sans cesse accrues, devenaient effroyables. Madame de Bonmont en éprouvait infiniment de peine et d’inquiétude, car elle aimait Raoul. Elle l’aimait tendrement, de toute son âme et de toute sa chair.

— Et vous, monsieur de Terremondre, deux morceaux ?

Elle le chérissait, son Raoul, son Rara, avec toute la douceur de son âme sereine. Elle l’aurait voulu tendre et fidèle, innocent, rêveur. Il n’était pas tel qu’elle l’aurait voulu et elle en souffrait. Et, craignant de le