Page:Anatole France - L’Anneau d’améthyste.djvu/112

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tesse que Rara, depuis quelque temps, ne cessait plus de grincer des dents, de rouler des yeux furieux, en menaçant de mort les juifs. Il avait toujours été antisémite, Rara. Elle aussi d’ailleurs. Mais elle aimait mieux qu’on ne posât pas la question. Et elle estimait que Rara, puisqu’il aimait une dame catholique, mais d’origine juive, avait tort de dire qu’il voudrait crever le ventre à tous les youtres. Cela encore l’attristait. Elle aurait voulu plus de douceur et de sympathie, de plus calmes desseins et des désirs plus gracieux. Pour elle, elle mêlait à ses pensées d’amour des rêves innocents de pâtisserie et de poésie.

— L’apostolat du bienheureux Loup, dit M. l’abbé Guitrel, porta ses fruits. Les habitants de Tourcoing, baptisés par lui, le nommèrent par acclamation leur évêque. Sa fin fut accompagnée de circonstances qui frapperont vivement votre esprit, j’en suis certain, madame la baronne. Un jour du