Page:Anatole France - L’Anneau d’améthyste.djvu/14

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ment, avait dû, non sans tristesse ni colère, laisser entrer l’ennemi dans ses murs, déjà ruinés au temps du roi Louis XI et cachés sous le lierre. Elle avait subi les rigueurs de l’occupation militaire ; elle avait été vexée, rançonnée. Le projet d’un monument élevé à la gloire du chef gaulois y fut accueilli avec enthousiasme. La ville, se sentant humiliée, fut reconnaissante à cet antique compatriote de lui donner un sujet d’orgueil. Renommé après quinze cents ans d’oubli, Éporédorix réunit tous les citoyens dans un sentiment de filial amour. Son nom n’inspira de défiance dans aucun des partis politiques qui divisaient alors la France. Opportunistes, radicaux, constitutionnels, royalistes, orléanistes, bonapartistes, contribuèrent de leurs deniers à l’entreprise et la souscription fut à demi couverte dans l’année. Les députés du département obtinrent le concours de l’État pour parfaire la somme nécessaire. La statue d’Éporédorix fut commandée