Page:Anatole France - L’Anneau d’améthyste.djvu/165

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Il y a pas plus affectueux que cette petite bête, dit-elle.

— Le chien, dit M. Bergeret, est un animal religieux. Sauvage, il adore la lune et les clartés flottantes sur les eaux. Ce sont ses dieux et il leur adresse, la nuit, de longs hurlements. Domestique, il se rend favorables, par ses caresses, les génies puissants qui disposent des biens de la vie, les hommes. Il les vénère, il accomplit, pour les honorer, des rites qu’il connaît de science héréditaire ; il leur lèche les mains, se dresse contre leurs jambes, et s’il les voit irrités contre lui, il s’approche d’eux en rampant sur le ventre, en signe d’humilité, pour apaiser leur colère.

— Tous les chiens, dit Angélique, ne sont pas amis de l’homme. Il y en a qui mordent la main qui les nourrit.

— Ce sont des chiens impies et délirants, dit M. Bergeret, des insensés semblables à Ajax, fils de Télamon, qui blessa à la main Aphrodite d’or. Ces sacrilèges périssent de