Page:Anatole France - L’Anneau d’améthyste.djvu/174

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entendre, elle laissait Riquet près de son maître. Elle voulait les accoutumer l’un à l’autre et donner un ami à ce pauvre M. Bergeret qui n’en avait pas. Ayant donc tiré la porte sur elle, elle enfila le couloir et descendit les degrés. M. Bergeret se remit à l’ouvrage et s’enfonça la tête la première dans son Virgilius nauticus. Ce travail lui était agréable. C’était le repos de sa pensée, une sorte de jeu à sa convenance, un jeu qu’on joue seul, et qui procure l’agrément de manier des cartes. Car il avait sur sa table, dans des boîtes, un joli jeu de fiches. Or, tandis qu’il mettait la flotte d’Énée bien proprement, par menus morceaux, sur de menus cartons, il sentit comme de petits poings qui lui battaient la jambe. Riquet, dont il ne s’occupait plus, Riquet, dressé tout debout, lui tapotait le genou, à deux pattes, en agitant son petit bout de queue. Quand il fut las, Riquet se laissa glisser tout le long du pantalon ; puis il se dressa de