Page:Anatole France - L’Anneau d’améthyste.djvu/205

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château. J’ai là, sur ma table, dans une revue anglaise, de quoi prouver la vertu de Macbeth et l’innocence de lady Macbeth. Croyez-vous qu’en publiant ces preuves, je changerai le sentiment universel ?

— Je ne le crois pas, répondit M. Leterrier.

— Je ne le crois pas non plus, soupira M. Bergeret.

À ce moment des clameurs montèrent de la place publique. C’étaient des citoyens qui, selon l’habitude qu’ils avaient prise, allaient casser des carreaux chez le bottier Meyer, par respect pour l’armée.

Ils criaient mort à Zola ! mort à Leterrier ! mort à Bergeret ! mort aux juifs ! Et comme le recteur en éprouvait quelque tristesse et quelque indignation, M. Bergeret lui représenta qu’il fallait comprendre l’enthousiasme des foules.

— Cette troupe, dit-il, va casser les carreaux d’un bottier. Elle y parviendra sans